Une délégation du FMI dirigée par Eyraud Luc, directeur des études régionales de l’institution de Bretton Woods était dans les locaux de la BRVM le 30 avril 2024 en Côte d’Ivoire.
L’objectif de ce déplacement est clair : présenter le rapport ‘’Perspectives économiques régionales ».
Publié depuis le 16 avril, ce rapport mentionne en tout trois bonnes nouvelles et trois défis auxquels les États d’Afrique subsaharienne doivent s’attendre au cours de cette année 2024.
Croissance soutenue en perspective
D’abord, Eyraud Luc a annoncé une reprise économique des pays de l’Afrique subsaharienne après deux années de décélération de la croissance. Ainsi, le taux de croissance de la région devrait passer de 3,4% en 2023 à 3,8% en 2024 malgré une croissance atone du géant Sud- africain.
Cette embellie sera soutenue en partie par les belles performances attendues du Sénégal et du Niger où la croissance du PIB devrait s’établir respectivement à 8,3% et 10,4%.
Le directeur des études régionales du FMI a poursuivi en annonçant une réduction significative de l’inflation dans la région. En effet, le taux médian est passé d’environ 10 % en novembre 2022 à près de 6 % en février 2024, soit une diminution d’environ la moitié ‘’Ce succès est la conséquence d’une politique monétaire agressive des banques centrales de la région, matérialisée par une hausse de 350 points de base des taux directeurs », a-t-il précisé.
S’ensuit une annonce prometteuse pour les acteurs du marché financier. En effet, les taux des euro-obligations émises sur les marchés internationaux ont baissé, par conséquent, les marchés qui étaient fermés aux pays émergents africains se sont finalement rouverts. Une fenêtre favorable dont a pu profiter un pays comme la Côte d’Ivoire qui a mobilisé 2,6 milliards de dollars en janvier dernier.
Renforcer l’attractivité
Cependant, le coût élevé de la dette couplé à la faible mobilisation des ressources locales demeure un défi pour ces États africains. De plus, les tensions géopolitiques qui pèsent sur les économies de la région restent également une épine dans le pied desdits États. Durant cette décennie, l’Afrique subsaharienne a enregistré la présence de 10 coups d’État, et une incertitude plane encore au vu des 18 élections qui se préparent en 2025.
Comme solution, le Fonds Monétaire International propose aux pays d’améliorer la situation des finances publiques en augmentant les recettes publiques et de maintenir stable les taux directeurs des pays qui affichent une inflation proche de la fourchette acceptée, soit 2% à 3%. Aussi, l’institution promeut ‘’la mise en œuvre de réformes structurelles, visant par exemple à accélérer l’intégration commerciale et à améliorer le climat des affaires pour attirer davantage d’investissements directs étrangers, ce qui pourrait permettre de diversifier les sources de financement et l’économie », a expliqué Luc Eyraud.
Le piège de l’or noir
Après la présentation du document, le directeur général de la BRVM a rebondi sur certaines thématiques, notamment sur les pistes de solutions à explorer pour maintenir la dynamique économique du continent. Pour lui, la mise en place d’un marché intégré, c’est-à-dire d’une communication entre les marchés boursiers de l’Afrique subsaharienne, serait idéale dans la mesure où ‘’les ghanéens pourraient investir dans des obligations ivoiriennes et vice versa ». Il a poursuivi son intervention en incitant l’institution de Bretton Woods à aider les nouveaux pays pétroliers à réduire leur dépendance vis à vis de l’or noir dont les cours sont volatiles, au détriment des autres secteurs d’activités.