Hystérectomie : tout savoir sur cette ablation de l’utérus

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L’hystérectomie est une intervention chirurgicale destinée à retirer l’utérus. Dans quels cas est-elle préconisée ? Quelles sont les différentes techniques opératoires pour la réaliser ? S’en remet-on facilement ?

La définition de l’hystérectomie

L’hystérectomie est une intervention chirurgicale qui consiste à réaliser l’ablation de l’utérus. Elle peut se réaliser selon trois techniques différentes. « Il est rare qu’elle soit réalisée avant l’âge de 40 ans, précise le Dr Bagot, gynécologue, exceptée en cas de pathologie maligne, car elle implique de faire une croix définitive sur une future grossesse. »

Pourquoi fait-on une hystérectomie ?

Il faut différencier les pathologies malignes des pathologies bénignes.

Une hystérectomie est réalisée en cas de cancers gynécologiques. Qu’il s’agisse d’un cancer du col de l’utérus, de l’utérus ou des ovaires.

Les pathologies bénignes

Elles sont diverses :

Le fibrome utérin

Le fibrome utérin est une tumeur bénigne et fréquente. Le fibrome utérin se situe dans le muscle utérin, le myomètre. « Avant de recourir à une hystérectomie, des traitements sont proposés : prise de progestatifs par voie orale ou intra-utérine sous la forme d’un stérilet à la progestérone…, explique la Dre Odile Bagot, gynécologue. L’hystérectomie n’est réalisée qu’en dernier recours, si la femme est proche de la ménopause, on peut parfois sursoir à l’opération ou mettre quelques mois en ménopause artificielle car, une fois la ménopause confirmée, les fibromes régressent en raison du déclin des oestrogènes. »

Un utérus extrêmement volumineux

« Sa taille peut parfois se comparer à celle de l’utérus au sixième mois de grossesse, avertit la gynécologue. Il peut alors déformer la paroi abdominale et représenter une gêne au quotidien. »

Une endométriose importante

Cette maladie gynécologique touche environ 10 % des femmes en âge d’avoir des enfants, soit entre 1,5 et 2,5 millions. L’endométriose provoque toujours des douleurs au moment des règles et souvent en dehors de cette période. La pilule contraceptive, des hormones peuvent améliorer ce problème. « Toutefois, lorsque les traitements médicamenteux ne donnent pas satisfaction, il faut recourir à l’hystérectomie », informe le Dr Bagot.

Une hémorragie du post-partum

Elle peut survenir durant immédiatement après l’accouchement ou dans les 24 heures qui suivent, rarement plus tardivement au-delà de ces 24 heures. Elle se caractérise par une perte de sang supérieure à 500 ml. Elle peut être traiter par médicament, embolisation, mais parfois cela est insuffisant. « Il faut alors réaliser ce que l’on appelle une hystérectomie d’hémostase », explique la gynécologue.

Un prolapsus génital

Il s’agit de la descente des organes génitaux (utérus, vessie…) dans le vagin. Le prolapus peut également s’accompagner de fuites urinaires. « L’hystérectomie est recommandée lorsque l’utérus aggrave le prolapsus et que celui-ci est vraiment gênant pour la femme. Lorsqu’il y a des fuites urinaires, le chirurgien peut profiter de l’intervention chirurgicale pour poser des bandelettes sous-urétrale », précise la Dre Bagot. La bandelette est placée à l’intérieur de vagin, sous l’urètre afin de le maintenir en place.

Le syndrome de Lynch

Il s’agit d’une maladie génétique qui augmente essentiellement le risque de cancer colorectal et de l’endomètre qui tapisse l’utérus, mais aussi le cancer du sein, des ovaires et d’autres cancers plus rarement. La prévalence du syndrome de Lynch est estimée à 1/800 à 1/1 000. « En prévention, l’hystérectomie est proposée aux femmes à partir de 40 ans », précise la gynécologue.

Combien pèse un utérus ?

Le poids et la taille normaux d’un utérus sont de 50 g et 7 cm environ.

Les différents types d’hystérectomie

Il y en a quatre.

L’hystérectomie totale

« Elle consiste à retirer l’utérus et le col de l’utérus », explique le Dr Bagot.

L’hystérectomie élargie

Cette dernière est réalisée en cas de cancer gynécologique : « On retire l’utérus, le col de l’utérus et les tissus situés autour dits les paramètres », détaille la gynécologue.

L’hystérectomie subtotale

« L’hystérectomie subtotale consiste à retirer uniquement l’utérus et à conserver le col », précise la gynécologue.

L’hystérectomie avec annexectomie

Cette intervention chirurgicale consiste à retirer non seulement l’utérus mais également les annexes, à savoir les trompes et les ovaires. « Le chirurgien réalise également l’ablation des ovaires et des trompes de Fallope », explique la Dre Bagot.

Cette intervention n’est réalisée qu’après la ménopause, excepté en cas de cancer. « Dans ce cas, elle provoque une ménopause brutale avec bouffées de chaleur importantes, sécheresse vaginale, ostéoporose », prévient la Dre Bagot.

Quelles sont les différentes techniques pour réaliser une ablation de l’utérus ?

Il en existe trois pour réaliser l’ablation de l’utérus, dont deux par voie basse et une  par voie haute.

L’hystérectomie par voie basse

L’hystérectomie vaginale

« Le chirurgien retire l’utérus en passant par la voie vaginale (voies naturelles) », précise le médecin. Cette technique opératoire est plus facile chez les femmes ayant déjà accouchées. Elle est réalisée sous anesthésie générale et dure environ une heure. Avant l’intervention, il est nécessaire de réaliser un rasage des poils du périnée et du pubis.

L’hystérectomie vaginale assistée par coelioscopie

« Cette opération nécessite, en plus de la précédente qui passe par la voie vaginale, de réaliser de petites incisions au niveau de l’abdomen, afin d’y insérer une caméra et des instruments de chirurgie », précise le Dr Bagot. Elle permet de libérer l’utérus de ses attaches.

Comme l’hystérectomie vaginale, l’hystérectomie vaginale assistée par coelioscopie ne nécessite pas plus de 48 heures d’hospitalisation, mais des douleurs post-opératoires sont pus fréquentes.

L’hystérectomie par voie haute ou laparotomie

« Cette technique opératoire consiste à ouvrir l’abdomen (comme pour une césarienne), explique le médecin. Elle est réalisée en cas d’utérus très volumineux, de pathologies cancéreuses dans certains cas. »

Bon à savoir : elle entraîne des douleurs post-opératoires, et nécessite un arrêt de travail compris entre 15 jours et 3 semaines.

Durée d’hospitalisation et hystérectomie

Tout dépend de la technique opératoire utilisée. « En cas d’hystérectomie vaginale et d’hystérectomie vaginale assistée par coelioscopie, il faut compter environ 48 heures d’hospitalisation, précise le Dr Bagot. Cette opération est même proposée en ambulatoire. »

Les cicatrices de l’hystérectomie

En cas d’hystérectomie par voie basse, les cicatrices sont uniquement présentes au niveau du fond du vagin. Il n’y en a pas sur la peau.

En revanche, lorsque l’hystérectomie a été réalisé par laparotomie, il y a une cicatrice, de la taille de celle d’une césarienne, environ.

Quelles sont les suites d’une hystérectomie ?

« La récupération est plus rapide lorsque l’hystérectomie a été réalisée par voie vaginale que par laparotomie, prévient le Dr Bagot. Dans ce dernier cas, il faut compter environ trois semaines pour récupérer. »

Hystérectomie et arrêt de travail

Selon les cas, l’arrêt de travail peut varier de 15 jours à un mois après ce type d’opération.

Durant le mois qui suit l’opération, le bain est à proscrire. Il faut opter pour la douche et penser à bien sécher les plaies selon le type d’intervention chirurgicale réalisée.

Comment perdre du ventre après une hystérectomie ?

L’impression d’avoir plus de ventre après une hystérectomie est normale car les muscles de l’abdomen ont été étirés et lorsqu’il y a eu une coelioscopie, des gaz sont présents. Il faut patienter quelques semaines pour voir la rondeur du ventre diminuée et continuer à avoir une alimentation équilibrée.

Il faut consulter rapidement son médecin dans les cas suivant : fièvre supérieure à 38 °C, douleurs importantes, saignements abondants, rougeur et/ou gonflement de la plaie…

Les activités sportives ne pourront être reprises qu’après visite de contrôle et pas avant 4 à 8 semaines.

Est-ce douloureux ?

« La plupart du temps, des antalgiques simples suffisent à enrayer la douleur post-opératoire, rassure le médecin. Et, lorsqu’il existe un risque de phlébite chez la patiente, le médecin prescrit, en plus, des anticoagulants. »

Hystérectomie et saignements

Cette intervention chirurgicale entraîne peu de saignements. « Il s’agit de saignements minimes qui durent environ une quinzaine de jours, de pertes brunes », rassure le Dr Bagot.

Hystérectomie : quelles conséquences sur la sexualité ?

Les femmes se posent souvent des questions sur leur vie sexuelle après une hystérectomie. Une étude, réalisée par des chercheurs de Baltimore en 2016, fait le point. Du côté positif, elle montre que le pourcentage de femmes ressentant des douleurs lors des rapports sexuels diminue : il passe d’un peu plus de 40 % avant l’intervention à 15 % environ deux ans après. L’étude fait également ressortir des orgasmes plus fréquents et plus forts : 62 % avant l’hystérectomie et 71 % après.

« Après une hystérectomie, il est important d’attendre au moins 6 semaines avant la reprise des rapports sexuels », avertit le médecin.

Une intervention moins fréquente

L’hystérectomie est une intervention chirurgicale moins fréquente aujourd’hui. « Les médecins disposent aujourd’hui de davantage d’outils pour traiter les pathologies gynécologiques bénignes : pose de stérilet à la progestérone, embolisation, myomectomie », énumère la Dre Bagot.

On estime donc que 60 000 hystérectomies sont pratiquées annuellement en France.

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