C’est irréfutablement une bonne nouvelle pour le Mali, le Burkina Faso, le Niger et d’autres pays en Afrique de l’Ouest avec cette annonce de la CEDEAO.
En effet, l’instance régionale signera, en décembre prochain à Abuja, l’accord pour la construction du Gazoduc Africain Atlantique
C’est un nouveau pas qui sera franchi dans la réalisation du projet du gazoduc Nigeria-Maroc, devenu depuis début novembre 2024 Gazoduc Africain Atlantique (AAGP).
Après l’adoption de l’Accord intergouvernemental (AGI) et de l’Accord avec l’État hôte (AH) révisés par les ministres de l’Energie et des Hydrocarbures de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) élargis au Maroc et à la Mauritanie, la construction du gazoduc devrait connaître une nouvelle étape lors du prochain sommet des dirigeants de la Cedeao en décembre prochain.
Selon Africa Intelligence, «une cérémonie de signature de l’accord intergouvernemental et de l’accord d’Etat hôte (Host Government Agreement, HGA) entre les seize membres du projet, devrait se tenir lors du prochain sommet de la CEDEAO, qui se tiendra à la mi-décembre, à Abuja».
Ces seize pays sont les onze membres de la CEDEAO impliqués dans ce projet, en plus des trois pays de l’Alliance des États du Sahel (Mali, Burkina Faso et Niger) auxquels s’ajoutent la Mauritanie et le Maroc.
Cette signature intervient après plusieurs rounds de négociations sur les dispositions de l’AGI et de l’AH, tenus à Rabat, Marrakech et Abidjan. Ces accords permettent de surmonter les difficultés juridiques, techniques et environnementales en mettant en place un cadre réglementaire clair et équitable, garantissant les droits et obligations de chaque partie. Ils garantissent également la sécurité énergétique, le partage des risques et des bénéfices, ainsi que la protection des investissements.
Ainsi, ces accords vont encadrer les relations entre la future société chargée du projet et les gouvernements hôtes du gazoduc. Ils encadreront également l’accord intergouvernemental qui doit encadrer les relations entre les pays traversés par le gazoduc.
Cette signature marquera un tournant décisif dans la réalisation de ce mégaprojet structurant pour la région pour lequel le Maroc s’est fortement mobilisé ces dernières années.
Cette signature, une fois actée, ne manquera pas de donner un nouvel élan au projet de ce gazoduc long de 6.800 km devant relier le delta du Nigeria à l’Europe, via le Maroc, tout en desservant les pays enclavés de l’Alliance des États du Sahel.
La réalisation concrète du projet se fera en plusieurs étapes et sera le prolongement du West Africa Gas Pipeline (WAGP) qui relie le Delta du Nigeria à Takoradi au Ghana, en passant par le bénin et le Togo.
Les trois étapes du mégaprojet
La phase I du projet consistera à prolonger ce segment du gazoduc déjà existant jusqu’à San-Pedro en Côte d’Ivoire, et à relier Kayar du Sénégal au nord du Maroc.
Le tracé du gazoduc Nigeria-Maroc.
Lors de sa phase II, le mégaprojet connectera les zones de production du sud du Nigeria à Takoradi (Ghana), en parallèle du WAGP. Enfin, la phase III permettra de relier San Pédro à Kayar. Une fois ces différentes phases réalisées, l’acheminement du gaz via le gazoduc devrait se faire à partir de 2029.
À noter que cet important projet structurant va permettre l’évacuation d’importantes quantités de gaz de la région ouest-africaine vers l’Europe à moindre coût, comparativement au Gaz naturel liquéfié (GNL).
Le Nigeria, qui pourtant dispose des plus importantes réserves en gaz du continent (7e réserves mondiales estimées à 5.284 milliards de mètres cubes), n’arrive qu’au troisième rang des producteurs africains de gaz en raison notamment du torchage et de la priorité accordée jusqu’à présent à la production pétrolière.
Néanmoins, en 2019, le pays a produit plus de 49 milliards de mètres cubes de gaz, dont 25 milliards ont été exportés vers l’Europe et l’Asie sous forme de GNL. La moitié restant étant consommée localement et exportée vers d’autres pays et les pays côtiers ouest-africains via le gazoduc West African Gas Pipeline long de 677 km.
Mais depuis, d’importants investissements ont été engagés au Nigeria par des majors pétroliers dans le domaine gazier. De colossaux investissements devant atteindre 12 milliards de dollars ont été annoncés en 2023 par TotalEnergies et Shell.
Le gazoduc pourrait ainsi inciter le Nigeria à exploiter ses importantes réserves gazières surmontant par la même l’obstacle que constitue l’exportation via le GNL.