Interview avec le Ministre Secrétaire Général de la Présidence de la République du Togo

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Indice du développement humain au Togo : Ablamba Sandra Johnson expose les avancées 

Dans le dernier rapport 2023-2034 du Programme des nations unies pour le développement (PNUD) sur l’Indice du développement humain, le Togo se classe au premier rang des pays de l’espace UEMOA et à la 4ème place au sein des pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Quels sont les facteurs porteurs de cette performance du Togo ?

Avant d’évoquer les facteurs explicatifs des progrès remarquables du Togo, il convient decomprendre le concept de développement humain.  En effet, il s’agit d’un processus qui doit conduire à l’élargissement de la gamme des possibilités qui s’offrent aux individus (y compris l’accès à l’éducation, aux soins de santé, à l’emploi, au revenu et à un environnement propre) et à une amélioration de la qualité de vie individuelle et sociale de la personne. Le concept renvoie à un développement participatif et inclusif.

Le développement humain est mesuré par un indice développé par le PNUD depuis 1990 qui prend en compte trois dimensions principales à savoir la santé, l’éducation et le niveau de vie. Ces dimensions sont quantifiées à travers des indicateurs spécifiques.

La santé est mesurée à travers l’espérance de vie à la naissance : Cet indicateur reflète la qualité des soins de santé, les conditions de vie, et l’accès aux services médicaux. Une espérance de vie élevée est associée à une meilleure qualité de vie, car elle suggère que les individus vivent plus longtemps et en meilleure santé.

L’éducation est quantifiée à partir de deux indicateurs :

Nombre moyen d’années de scolarisation des adultes : Cet indicateur mesure le niveau d’éducation effectivement atteint par les personnes âgées de 25 ans et plus. Il reflète les opportunités d’apprentissage et l’accès à l’éducation.

Nombre d’années de scolarisation attendues pour les enfants entrant à l’école : Cet indicateur anticipe le niveau d’éducation que les enfants sont susceptibles de recevoir. Il reflète les perspectives futures en matière d’éducation et les investissements dans le système éducatif.

Le niveau de vie est mesuré à travers le revenu national brut (RNB) par habitant en parité de pouvoir d’achat (PPA) : Cet indicateur évalue le niveau de vie économique des citoyens en tenant compte du coût de la vie et des différences de prix entre les pays. Un revenu national brut par habitant plus élevé est associé à une meilleure qualité de vie, car il indique un plus grand accès aux biens et services essentiels.

Le rapport sur le développement humain 2023-2024 classe notre pays au premier rang dans la zone UEMOA comme le reflète la figure ci-dessous. 

Revenant sur les facteurs qui expliquent la belle performance du Togo dans le rapport sur le développement humain 2023-2024, il convient de noter que ce résultat n’est pas le fruit du hasard. Le Togo occupe la première place du classement de l’IDH dans la zone UEMOA pour la 5ème fois consécutive. C’est une performance qui traduit la concrétisation d’une vision pour notre pays portée par Son Excellence, Monsieur le Président de la République ; celle d’un développement axé sur “l’humain”. 

Cette performance qu’enregistre le Togo découle de la prise en compte substantielle des dimensions humaines dans les politiques publiques et les efforts d’investissements du gouvernement en matière de (i)  l’accès à l’éducation, (ii) l’accès aux soins de santé, (iii) l’accès à l’eau potable, à l’assainissement et au cadre de vie, (iv) l’accès à l’électricité, (v) l’accès à la protection sociale et la couverture sanitaire universelle, (vi) l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes, (vii) l’inclusion économique et financière des femmes, (viii) la consolidation de la paix et de la sécurité, (ix) la lutte contre le changement climatique, (x) l’amélioration de l’environnement des affaires, etc.

Ces investissements ne sont pas faits ex nihilo. Ce choix guide les actions gouvernementales avec une priorité sur les secteurs sociaux qui portent leurs fruits dans l’évaluation de l’indice de développement humain ainsi que d’autres évaluations. 

Quels sont les facteurs ayant permis au Togo de réaliser ces progrès, particulièrement les réalisations enregistrées dans le cadre de la mise en œuvre de la Feuille de route gouvernementale 2020-2025 ?

Comme je l’ai dit tantôt, les progrès réalisés par le Togo sont le fruit de la mise en œuvre d’une vision, celle d’une croissance inclusive, d’une prospérité partagée, traduite dans les différentes stratégies nationales de développement mises en œuvre au Togo au cours de ces dernières décennies, notamment les documents de stratégies de réduction de la pauvreté (DSRP), la stratégie de croissance accélérée et de promotion d’emplois (SCAPE), le Plan national de développement (PND) et la Feuille de route gouvernementale 2020-2025 en cours de mise en œuvre. A l’analyse, vous vous rendrez compte que les dimensions de l’indice de développement humain sont alignées avec les axes stratégiques de la Feuille de route.  

Pour rappel, la Feuille de route est articulée autour de trois axes stratégiques avec des ambitions claires et affirmées pour accélérer la transformation économique du Togo.

Je voudrais citer ici pour chaque axe stratégique citer quelques réalisations phares enregistrées et qui ont contribué à la performance du Togo :

Axe stratégique 1 : renforcer l’inclusion et l’harmonie sociales et garantir la paix

Secteur de la santé

La mise en œuvre du programme WEZOU avec 606 009 femmes enceintes bénéficiaires et 357 758 accouchements effectués ; 

Le recrutement de plus de 2 500 professionnels de santé (médical et paramédical) ;

La construction de l’hôpital national de référence « Dogta Lafia » ;

La construction de 03 hôpitaux mère-enfant ;

La construction de 86 nouvelles formations sanitaires et la rénovation de 60 formations sanitaires avec la réception de 47 unités de soins périphériques dans le cadre du projet de service de santé essentiels de qualité pour une couverture sanitaire universelle (SSEQCU) ;

Le renforcement de la gestion et de la préparation aux urgences sanitaires ;

L’éradication de 4 maladies tropicales négligées.

Avec toutes ces réalisations, le taux d’accessibilité géographique aux soins de santé est passé de 71% en 2020 à 91% en 2023.

Secteur de l’éducation

La construction et la réhabilitation de plus de 5000 salles de classe ;

Le recrutement de plus de 5 000 nouveaux enseignants pour les niveaux primaire et secondaire ;

La formation et le déploiement de plus de 350 inspecteurs et conseillers pédagogiques ;

La création de l’agence nationale de l’assurance qualité de l’enseignement supérieur

La distribution gratuite de manuels scolaires au primaire conformément à la promesse du Chef de l’Etat (700 000 manuels distribués gratuitement depuis la rentrée 2023-2024, et fourniture de manuels assurée pour la rentrée scolaire 2024-2025) ;

La mise en place des cantines scolaires dans 1121 écoles, soit un taux de couverture de 20,5% des écoles primaires publiques ;

La mise en place de l’assurance maladie en faveur des élèves « School Assur » avec plus de 4,5 millions de prestations gratuites pour la couverture maladie de plus de 2 millions d’élèves ;

L’institution de la gratuité des frais de scolarité au primaire, collège et au lycée et de l’inscription aux examens CEPD, BEPC, BAC 1 et BAC 2 ;

L’installation de la connexion internet dans toutes les universités publiques ;

La dotation de matériels informatiques et en équipements de laboratoire au profit des collèges et lycée publics.

La mise en œuvre de ces initiatives et projets a fait passer le taux d’achèvement au primaire de 87% en 2020 à 94,6% en 2024 et celui du secondaire de 51,7% à 61,4% sur la même période.

Secteur de la protection sociale et de l’inclusion financière

Dans le cadre de l’assistance sociale, des transferts monétaires trimestriels de 15 000 FCFA non conditionnés ont été octroyés à plus de 225 000 ménages pauvres dont 94% de bénéficiaires directs sont du genre féminin. 

Des centres d’écoute et de prise en charge ont été créés pour les victimes des violences basées sur le genre. 

Gratuité de la délivrance des actes de naissance à tous les nouveau-nés sur toute l’étendue du territoire, et accompagnement entre 2020 et 2024 à de 6 900 personnes pour l’établissement de jugements supplétifs.

Elaboration de la Stratégie nationale d’inclusion financière, adoptée en 2021, pour renforcer les ambitions déjà initiées en 2014 avec la création du Fonds National de la Finance Inclusive (FNFI). 

Le FNFI a octroyé 197 916 crédits, allant de 30 000 à 50 millions FCFA, pour un montant total de 18,322 milliards FCFA.

Le Togo affiche une remarquable progression dans le domaine de l’inclusion financière au sein de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). Entre 2020 et 2022, le taux d’inclusion financière a connu une augmentation significative, passant de 82,72% à 87%, soit une hausse de 4.28 points de pourcentage. 

Secteur de l’eau et l’assainissement

La réalisation de plus de 12 500 forages

La réalisation de plus de 60 000 branchements domestiques et 194 bornes fontaines

La subvention du coût du raccordement au réseau permettant de réduire celui-ci de 66%

La construction de 5 centres d’enfouissement de déchets, 5 bassins de rétention et 4 stations de traitement de boues de vidange

La construction d’environ 25 000 latrines communautaires et familiales et 8 943 fosses septiques

La mise en œuvre de projets de construction d’ouvrages d’eau potable en milieu rural et semi-urbain au profit de plus de 1,3 million de personnes 

Le taux d’accès à l’eau potable est passé de 60% en 2020 à 70% en 2024

Secteur de l’énergie

L’accès à l’électricité à plus de 600 000 ménages grâce au projet CIZO, Fonds TINGA et aux raccordements moyenne et basse tension (+3600 km de lignes construites)

L’augmentation de la production d’énergie avec les centrales solaires de Blitta, et de Kekeli Efficient Power d’une capacité totale de 135 MW portant la production énergétique nationale à 303 MW

L’implantation et la réhabilitation de plus de 51 000 lampadaires pour l’éclairage public.

Le taux d’accès à l’électricité est passé de 50% en 2020 à 70% en 2024

Axe stratégique 2 : dynamiser la création d’emplois en s’appuyant sur les forces de l’économie

Secteur de l’agriculture

Mise en place d’une subvention annuelle permettant de faire baisser le prix des engrais à 18 000 Fcfa au lieu de 32 000 Fcfa

Environ 11 milliards FCFA alloués sous forme de crédit en vue d’améliorer la production agricole

Construction de plus de 663 magasins de stockage de produits agricole ;

Opérationnalisation de l’Agence de transformation agricole (ATA) avec l’aménagement de 19 ZAAP d’excellence

Mise à disposition de +3000 kits d’irrigation à pompage solaire à prix subventionné à 50%

Secteur de l’industrie

L’opérationnalisation de la plateforme industrielle d’Adétikopé (PIA) avec l’installation des unités industrielles  

La mise en œuvre de réformes d’amélioration du climat des affaires (réduction du délai de création d’une entreprise, suppression d’une dizaine d’impôts, exonération sur les deux premières années de la patente, réduction de l’impôt sur les sociétés, réduction de 50% des tarifs de raccordement à l’électricité)

Infrastructures de transports

La construction et la réhabilitation d’environ 300km de routes 

L’achèvement d’environ 3000 km de pistes rurale 

L’achèvement d’environ 3000 unités d’ouvrages de franchissement (ponts, ponceaux et dalots)

L’ouverture de 6 nouvelles lignes aériennes (2 avec Ethiopian Airlines et 4 avec Asky) sur l’aéroport de Lomé ramenant le nombre de destinations totales à 41 à travers le monde

L’entrée du Togo dans le capital de la compagnie Asky pour renforcer le positionnement de hub logistique

La construction d’un port sec à 27 km du port de Lomé, installé sur la plateforme industrielle d’Adétikopé (PIA)

Axe stratégique 3 : Moderniser le pays et renforcer ses structures

Domaine du numérique

Opérationnalisation du câble Equiano, assurant le raccordement internet au réseau mondial et offrant 20 fois plus de capacité de réseau

Digitalisation de services publics (+de 20 entre 2020 et 2023)

Renforcement du cadre légal à travers l’adoption de lois relatives à (i) l’identification biométrique des personnes physiques, et (ii) la protection des données à caractère personnel

Domaine de la décentralisation

Elaboration et mise en œuvre d’environ 50 plans de développement communal

Conception d’un Géoportail des infrastructures socio-économiques à l’échelle nationale

Ces efforts sont-ils en droite ligne avec la politique d’inclusion économique, financière et sociale prônée par le Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE ?

Les efforts d’investissements du gouvernement sont parfaitement en ligne avec la politique d’inclusion économique, sociale et financière prônée par le Chef de l’Etat et traduite dans l’axe 1 de la Feuille de route gouvernementale 2020-2025 “Renforcer l’inclusion et l’harmonie sociales et consolider la paix”. 

A travers cette politique qui vise à ne laisser personne de côté, le gouvernement ambitionne d’offrir une identité et garantir la couverture santé et l’accès aux services de base (électricité, eau potable, logement, cadre de vie) à tous. Il entend également offrir une éducation accessible au plus grand nombre et en phase avec le marché du travail. 

Il faut noter également qu’en lien avec cette politique d’inclusion, un cadre institutionnel fonctionnel a été créé avec plusieurs programmes et politiques destinés à promouvoir l’entrepreneuriat en général et celui des jeunes en particulier, notamment le Fonds d’appui aux Initiatives économiques des jeunes (FAIEJ) et le programme d’Accès des Jeunes aux services financiers (AJSEF), le Projet d’opportunités d’Emploi pour les jeunes vulnérables (EJV), le Projet d’Appui à l’Employabilité et à l’Insertion des Jeunes dans les Secteurs Porteurs (PAEIJ-SP), le Programme national de promotion de l’entrepreneuriat rural (PNPER).

Pour promouvoir l’inclusion économique et financière des femmes afin de lutter efficacement contre la pauvreté et favoriser l’autonomisation financière des couches sociales vulnérables, plusieurs mécanismes sont mis en œuvre, notamment le Fonds national de la finance inclusive (FNFI).

Tant qu’il reste à faire, rien n’est fait, que faut-il faire de plus pour hisser le Togo encore plus loin en matière du développement humain ?

Certes, le Togo a enregistré des avancées notables en matière de développement humain ces dernières années. Mais le Gouvernement ne se contente pas de ces avancées face aux défis restants. Pour le Chef de l’Etat, il faut faire plus, bien et vite. Ce n’est pas l’occasion de dormir sur ses lauriers. Pour ce faire, les efforts d’investissements seront intensifiés malgré le contexte actuel marqué par plusieurs défis (sanitaire, climatique, sécuritaire, Guerre en Ukraine) que le monde entier y compris notre pays traverse. Malgré ces soubresauts, le gouvernement maintient la dynamique de l’amélioration de la qualité de vie de nos concitiyens.

Je saisis l’opportunité pour lancer un appel à toutes les parties prenantes au développement à contribuer à la mise en œuvre efficace, efficiente et diligente des projets. J’exhorte les entreprises à exécuter les travaux conformément au délai et selon les normes de qualité et de sécurité et j’invite chaque citoyen et citoyenne à faire un suivi et à alerter les autorités compétentes sur un quelconque dysfonctionnement dans la réalisation des travaux. C’est ainsi que les populations pourront disposer des services de qualité répondant à leurs besoins.

Et pour finir, est-ce réalisable d’ici à 2025, de digitaliser 75 % de la population du Togo ?

Un des jalons de la mise en œuvre de la politique d’inclusion prônée par le Chef de l’Etat est d’attribuer une identité à tous les citoyens et de mettre en place un registre des personnes et des ménages devant faciliter l’accès des populations surtout les plus vulnérables aux programmes gouvernementaux à l’instar du programme Novissi mis en place par le gouvernement pendant la crise sanitaire liée à la COVID-19 et qui est dévenu un modèle à l’échelle internationale aujourd’hui. Une phase pilote d’enregistrement biométrique a eu lieu avec un grand succès à Cinkassé dans la région des Savanes et à l’Université de Lomé. En perspective, il est prévu une opération grandeur nature d’enrôlement de tous les citoyens. L’Agence nationale d’identification (ANID) et l’Institut national de la statistique et des études économiques et démographiques (INSEED) s’y attèlent actuellement. La population sera informée le moment venu.

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