Les Jeux olympiques de Paris 2024 : plus de 10 000 athlètes, près de 330 épreuves dans plus de 40 sites

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Les Jeux olympiques sont un méga-événement sportif dont les enjeux sont aussi économiques, socioculturels et politiques. Derrière l’effet vitrine attendu pour les JO de Paris 2024, les difficultés sont nombreuses et les effets territoriaux incertains : inévitables dépassements budgétaires, éviction spatiale des catégories les plus pauvres, contestation de la logique verticale des projets imposés… pour des retombées à moyen terme plus difficiles à évaluer que ne le sont les coûts.

Les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris 2024 constituent un méga événement sportif, d’une ampleur impressionnante : plus de 10 000 athlètes, près de 330 épreuves dans plus de 40 sites. Si les enjeux sportifs mobilisent les médias pendant les cinq semaines d’épreuves (du 26 juillet au 11 août puis du 28 août au 8 septembre 2024), les phases précédant et suivant les Jeux mettent plutôt en avant les autres dimensions, selon des enjeux à la fois économiques, sociaux, culturels et politiques. Cette affirmation d’un méga-événement aux effets multiples résulte d’une évolution progressive depuis les premiers jeux modernes à la fin du XIXe siècle.

Les Jeux olympiques offrent une perspective d’accélération des transformations urbaines mais dans un choc des échelles spatio-temporelles difficile à gérer par les acteurs concernés. Sur le plan spatial, de l’échelle de la mondialisation au micro-local, il est impossible de contenter tous les acteurs (y compris sur un plan sportif puisque pour les 10 500 athlètes, il n’y a que 340 champions olympiques et souvent une gloire sportive éphémère). Quelle que soit l’échelle concernée, il est difficile de « faire territoire », de susciter l’adhésion de populations plus ou moins concernées, plus ou moins favorisées.

Il existe également un choc des échelles temporelles : 15 jours d’épreuves médiatisées (près de 5 semaines avec les jeux paralympiques) mais 20 ans de transformations de la métropole parisienne, bref un événement par essence éphémère mais dont l’empreinte est très forte, tant sur un plan sportif que culturel, touristique, politique et même territorial, si elle est accompagnée de stratégies d’acteurs cohérentes. Sinon, les Jeux olympiques peuvent être parfois associés aux GPII (Grands Projets Inutiles et Imposés), aux stratégies d’éviction (des habitants, parfois des touristes). Ainsi, le collectif « Non aux JO 2024 à Paris » issu de l’ONG ATTAC souligne dès 2017 la distorsion entre une fête de quinze jours et l’ampleur des dépenses et des investissements : coûts financier, écologique, démocratique (décision imposée d’en haut, sans l’aval des populations locales), sans oublier l’ampleur de la communication médiatique pour les masquer (même si la presse française porte un éclairage plus nuancé grâce à sa diversité et le nombre d’enquête journalistique).

Nous proposons, dans une approche resserrée sur l’analyse des sites olympiques dans cette phase de préparation et d’organisation des Jeux, d’étudier les transformations, les dynamiques territoriales à l’œuvre, en questionnant ces effets sur les territoires aussi à bien à une échelle nationale et internationale (en interrogeant l’effet vitrine des JOP) qu’à une échelle régionale et locale (en se concentrant sur une accélération des mutations territoriales). Il s’agira également de poser la question de l’héritage des Jeux, celle que pose le CIO (Comité International Olympique) dans ses récentes recommandations mais aussi celle qui éclaire la tension entre coûts et bénéfices – sur un temps long – d’un tel événement inscrit dans un temps court.

 D’un point de vue géographique, notamment du marketing territorial, c’est bien un effet vitrine qui est recherché, en mettant le focus sur un territoire, un pays, une ville, ici une métropole mondiale, une grande agglomération avec la ville-centre marquée par une forte mise en tourisme et des périphéries plus ou moins intégrées et marginalisées, telle une ville éclatée, aussi bien spatialement que socialement, avec des sites patrimonialisés dans le prolongement de la ville de Paris (à l’image de Versailles) mais aussi ses banlieues industrielles et pavillonnaires – plus banales – plus d’autres concentrant les grands ensembles – défavorisées. À l’image de Paris, la ville-hôte est souvent une ville monde soucieuse de son image, forte de son capital humain et financier, défendant sa capacité organisationnelle (Machemehl, Robène, 2014).

L’ampleur mondiale de l’événement Paris 2024 est renforcée par le choix des sites avec les épreuves de surf organisées à Tahiti sur la vague de Teahupo, une manière implicite d’impliquer toute la nation, y compris l’outre-mer, tout en validant un argument sportif sur la puissance et la régularité de la vague pour le prestige de l’épreuve.

Le choix des sites olympiques fut parfois compliqué, à l’image du surf qui fut avant le choix de Tahiti d’abord pressenti à Biarritz, ou même en Bretagne (pointe de la Torche). Tout aussi compliqué fut le choix pour le tir sportif : pressenti à la Courneuve sur un site coûteux à dépolluer et abandonné en 2022, il est finalement prévu au centre national de tir sportif de Châteauroux, une petite ville de 43 000 habitants à 270 km au sud de la capitale (encadré 1).

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