Pétrole du Niger : Abdourahamane Tiani a-t-il les moyens de construire un pipeline vers le Tchad pour contourner le Bénin ?

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Dans le bras de fer qui oppose le Bénin au Niger depuis quelques mois, Patrice Talon a fermé les vannes du pipeline qui permet de transporter le pétrole nigérien vers les autres pays.

Ces dernières semaines, Niamey affiche clairement son intention de lancer la construction d’un nouvel oléoduc qui reliera ses champs pétroliers à ceux du Tchad, mais le pays a-t-il les moyens de le faire ?

L’ambition est claire, à en croire les derniers pourparlers, tenus au début de la seconde décade du mois de juillet, entre les autorités tchadiennes et celles du Niger, lors d’une visite de la ministre tchadienne du pétrole, des mines et de la géologie, à Niamey.

Les deux pays veulent « concrétiser dans les délais raisonnables » la réalisation de cette infrastructure. Une visite en terre nigérienne qui a suivi un accord donné par la partie tchadienne fin mai, en Conseil des ministres.

Ce pipeline devrait relier les champs pétroliers d’Agadem, dans le nord-est du Niger, à ceux de Doba, dans le sud du Tchad, sur une distance de 985 kilomètres, pour transporter le pétrole qui sera injecté dans une infrastructure déjà existante depuis 2003, qui va jusqu’à Komè, dans le sud du Cameroun, et longue de 1070 kilomètres.

Ce détour est envisagé pour contourner les tensions diplomatiques qui règnent désormais entre le Niger et le Bénin, et dont une médiation est en cours, dans le but de rapprocher Niamey et Porto-Novo.

Le Niger a achevé en mars 2024 la construction d’un oléoduc long de près de 2000 kilomètres, pour lui permettre d’exporter son pétrole via le port de Cotonou. La brouille diplomatique de ces derniers mois entre les deux pays ne permet pas à l’infrastructure d’entrer véritablement en fonction, au point où Niamey envisage de l’abandonner pour en construire une autre.

Défis sécuritaires

Ce retournement de situation fait renaître une vieille ambition de Niamey, de faire transiter son pétrole par le Tchad, avant de l’acheminer dans le sud du Cameroun. C’était d’ailleurs l’idée de départ pour les autorités de Niamey.

Même si, pour le moment, aucun élément ne filtre ni sur le coût, ni sur le niveau de financement, encore moins sur le niveau de maturation de ce projet. « Nous ne communiquons pas dessus », dit-on au ministère nigérien du pétrole.

Côté tchadien, on assure que « des dispositions institutionnelles ont déjà été prises pour non seulement mener à maturité, mais aussi à une réalisation optimale de ce projet novateur », avec une implication des plus hautes autorités du pays.

Ce que l’on peut néanmoins dire en prenant compte de certains paramètres, c’est que le projet devrait être difficilement tenable par Niamey.

La sécurité reste un véritable enjeu. Si la zone d’Agadem, encore sous la menace de groupes armés, où sont situés les champs pétroliers, bénéficie d’une forte présence militaire (700 officiellement) pour la protection de l’infrastructure principale, ces forces restent insuffisantes pour sécuriser l’entièreté du pipeline existant, qui continue à subir des sabotages de groupes armés.

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